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Avant-propos
Le départ
Sur les rapides
du Mékong
L'expédition se poursuit à pied
Montagnes, brousse
et rizières
Dernière étape

 

Montagnes, brousse et rizières


 

La piste très mauvaise, où les éléphants ont fait des trous de plus d’un mètre de profondeur dans les endroits humides, nous oblige à marcher lentement, à nous écarter dans la brousse en se frayant un passage à l’aide du coupe-coupe.
     

La région est accidentée, l’ascension se fait à genoux dans cette boue grasse et puante, et la descente sur l’arrière-train. Nous arrivons le soir, éreintés et meurtris, les mains, les jambes sont écorchées et entaillées. Le flacon de mercurochrome va servir. La nuit se passe comme la précédente.

Le réveil est pénible, les membres sont endoloris, la marche est lente et lourde au début, puis après une heure de route tout rentre dans l’ordre et on fonce vers Nakok.

Il y a bien des chevaux et des éléphants à louer, mais pas de tarif en vigueur, 40 piastres un cheval plus 18 piastres de coolie pour le ramener, 45 piastres un éléphant et 20 piastres de cornac aller et retour.


Nous n'avons pas les moyens
de louer un éléphant
   

 


Femmes Moïs portant leur enfant

Nous allons à pied, bien à regret, car il serait plus agréable de se faire porter. Mais nous ne sommes pas des Américains…

Arrivée à Nakok dans la soirée, il est décidé de prendre une journée de repos ; nous en avons tous besoin car nous n’avions pas de coolies à notre disposition et chacun avait porté son sac.

Le Chef de village nous reçoit aimablement et nous fait préparer un repas copieux : poulets, œufs durs (à moitié couvés) que je laisse, car on aperçoit l’embryon sur certains. Nous nous rattrapons sur le poulet, le riz et quelques fruits. Cette nuit se passera sur un matelas, quel délice…


Repiquage du riz dans les rizières
     
Le lendemain nous arrivons à Botène de bonne heure et nous nous rendons au poste de contre-guérilla, dont l’entrée porte : « Poste sous-lieutenant Roline ». Au centre de la cour se trouve la tombe du 1ère classe radio lâchement assassiné par ses camarades au moment où il prenait son repas.

Labourage de la rizière avec un buffle

Nous nous rendons chez le Naïkhong (maire du village) demeurant à cent mètres du poste. Il ne sait rien : « Boou-Tchiac » (je ne sais pas), il reconnaît avoir entendu des coups de feu, mais il oublie de dire que les Vietminhs tiraient sur le poste depuis la maison de son voisin, qui a fui au Siam depuis. Il nous apprend toutefois que quatre des assaillants sont déjà morts, les autres sont au Siam ; c’est le refuge habituel et sûr des pillards et déserteurs.

Ce travail terminé, en route pour Kenthao, une journée de marche monotone au milieu des rizières. Le soleil est brûlant. Dans ce village, même poste qu’à Botène, avec un effectif de 15 contre-guilleros. Le Tasseng (chef du village) est aimable.

     

La grande fatigue se fait sentir, l’énervement aussi. Ne pouvant nous reposer, nous repartons avant le jour, mais l’étape est pénible, pas de piste, nous longeons le Mékong, les chutes sont nombreuses.

Une cheville de foulée en butant sur une racine en forme d’arceau. Il faut stopper quelques minutes et on repart.


Village laotien avec ses paillottes (photo JRP)
     

Le travail est terminé en partie dans cette région, un déserteur est arrêté, un fusil est récupéré. Il faut songer au retour. Paklay est à 5 heures de là. Toujours la piste, mais il a plu et les sangsues sont nombreuses. Comme prise de sang, c’est impeccable, mais les traces sont longues à soigner.